La Street Photography
A l’heure des smartphones et des réseaux sociaux, la photographie de rue est devenue particulièrement tendance. En effet, prendre une photo de passants ou d’éléments urbains afin d’immortaliser un instant ou souligner une esthétique, n’a jamais été aussi facile. Bien qu’il n’ait jamais quitté les galeries d’art, ce genre photographique né à la fin du XIXe siècle est donc remis en lumière de nos jours.
La Galerie GADCOLLECTION représente deux photographes de rue, Eric Houdoyer et Cássio Vasconcellos, qui proposent des séries sur Paris et Sao Paulo.
Qu’est-ce que la street photography ?
La street photography est un genre photographique apparu au début du XXe siècle. Il s’agit de photos prises en extérieur et plus largement dans un lieu public, sans mise en scène. Elles ont pour sujet la présence humaine, immédiate ou suggérée.
Cássio Vasconcellos, METRO LOUVRE, série : Nocturnes Paris
La street photography n’est donc pas simplement le fait de prendre des photos dans la rue. Ce genre répond à un certain nombre de critères. Les photos doivent capturer des situations spontanées, impliquants des individus visibles ou non. Elles doivent être réalisées dans un lieu public au sens large (parc, rue, centre commercial…) et témoigner d’une activité humaine.
La photographie de rue s’éloigne du photojournalisme ou de la photographie documentaire en ce qu’elle n’est pas porteuse de message politique ou social. Elle a pour sens de représenter la vie quotidienne. C’est une photographie du banal. Historiquement, ce genre photographique a toutefois permis de mettre en lumière des groupes sociaux sous représentés.
Brève histoire de la photographie de rue
La photographie de rue a pour propos de capturer des passants, des éléments architecturaux dans l’espace public. Ce genre photographique est né avec le développement de la photographie dans les années 1890. Des photographes français comme Charles Nègre puis Eugène Atget ont d’abord pris des photographies de rue pour se perfectionner et trouver des sujets. Le développement des appareils portables encourage l’essor de ce genre, qui se structure dans les années 1930.
En Europe, des figures comme Henri Cartier-Bresson et Brassaï capturent Paris à travers ses nuits, ses rues, ses habitants. Ce mouvement traverse alors l’Atlantique, est adopté par des photographes comme Berenice Abbott.
Depuis la fin du XXe siècle et l’accroissement incessant de la concentration urbaine, la street photography connait un nouvel essor.
Cássio Vasconcellos, Chicago #1, série : Nocturnes USA
Cássio Vasconcellos, Fura Fila #5, série : Nocturnes São Paulo
Une photographie de l’instant
Au-delà de capturer un détail, ou de magnifier un espace urbain, la photographie de rue est avant tout une photographie de l’instant. Dans ces photographies spontanées, les sujets sont des inconnus, des passants. Le propos de ce genre photographique est alors de saisir un instant de vie, une attente ou un élan afin de l’immortaliser.
De nos jours, une nouvelle vision de la photographie de rue apparait. De nombreux photographes optent pour une approche plus esthétique. En effet, beaucoup s’attachent plus spécifiquement aux couleurs et à l’esthétisme des éléments architecturaux.
Cássio Vasconcellos, Gantry Plaza State Park #1 New York, série : Nocturnes USA
Eric Houdoyer : La photographie de rue parisienne
Eric Houdoyer est un photographe français parisien. Dans ses photographies, la vie parisienne est saisie et capturée en nuance. En se concentrant sur les gestes et postures de passants, il rend compte de l’animation des cafés, brasseries et trottoirs parisiens. Les protagonistes sont des anonymes aux visages voilés par l’ombre. Leurs silhouettes et démarches s’animent dans le paysage urbain vivifié par des traits rouges, verts et dorés.
Eric Houdoyer, Géométrie, 2016
Ce jeu d’ombre et de lumière pose sur ces photographies une ambiance de polar mystérieux. Ces photographies de rue intrigantes, invitent à la projection et l’imagination. En anonymisant et mystifiant les sujets, elles questionnent l’activité humaine.
Eric Houdoyer, Rencontre, 2015
Cássio Vasconcellos : les nocturnes à travers le monde
Dans ses Nocturnes (Paris, USA, São Paulo), Cássio Vasconcellos dévoile une vision personnelle de ces villes, et de la ville en général. Il s’attache à saisir les monuments iconiques et les hauts lieux de passages comme les aéroports ou les tours. Ainsi, les espaces urbains, qui oscillent entre lieux symboliques et espaces pratiques, voient leurs deux versants représentés. En se confrontant aux échafaudages et aux structures métalliques de Sao Paulo, Cássio Vasconcellos confronte sa vision rêvée de la ville à une conception plus matérialiste.
Cássio Vasconcellos, Aeroporto de Congonhas #1, série : Nocturnes São Paulo
Cássio Vasconcellos : Estádio do Pacaembú #1, série : Nocturnes São Paulo
Ces photographies laissent transparaitre une relation complexe de l’artiste à la ville. En décentrant son regard sur les éléments et en les prenants de biais, dans des angles a priori contre-intuitifs, il parvient paradoxalement à les dévoiler.
Ces contre-plongées sont réhaussées par des couleurs vives qui contrastent avec l’obscurité de la nuit. Le travail de la lumière permet alors de mettre en avant l’élément saisi. Dès lors les statues prennent vies dans les nuits parisiennes et les fontaines semblent cracher du feu.
Cássio Vasconcellos, Place Felix Eboué, série : Nocturnes Paris
Cássio Vasconcellos, Place des Vosges, série : Nocturnes Paris